LE PROBLEME DE LA DEFENSE AERIENNE EN FRANCE 49-66 Delai:3 semaines SHA038

En 1945, la France est exsangue. Ce constat se révèle particulièrement criant dans le domaine militaire. Dans les années qui suivent la victoire des Alliés, le début de la guerre froide et l'émergence d'une puissante force armée soviétique réellement me naçante, contraignent les autorités françaises à se pencher sur le besoin de se prémunir contre la menace d'une offensive aérienne, soudaine et massive, venue de l'Est. La renaissance d'une force de défense aérienne française accompagne la création de l'OTAN en avril 1949. C'est en effet grâce à l'aide alliée que le commandement de la Défense aérienne du territoire (DAT), créé en 1945, devient capable de mettre en oeuvre une force appréciable d'intercepteurs. Mais loin de se limiter au seul domaine militaire, la mission de défense aérienne est organisée à l'échelle interministérielle, sous l'autorité coordinatrice de la DAT. La défense aérienne est pensée comme une prérogative exclusivement nationale. Pour ce faire, elle met en oeuvre une force majoritairement composée d'intercepteurs de construction nationale. De même, elle affirme son indépendance vis-à-vis du commandement militaire intégré de l'OTAN. Néanmoins, le caractère strictement national de la défense aérienne mérite d'être amplement nuancé. Tout d'abord, d'un point de vue matériel, les appareils qu'elle met en oeuvre, financés grâce à l'aide du PAM, et bien que de construction nationale, appartiennent au gouvernement des États-Unis qui disposent en cela d'un droit de regard inquiétant sur les conditions d'utilisation de ce potentiel aérien. Deuxièmement, et malgré l'autonomie affichée vis-à-vis de l'OTAN, la DAT ne peut se passer d'une collaboration très étroite avec le système de défense aérienne de l'Alliance pour récupérer une partie de cette profondeur stratégique qui fait tant défaut à son efficacité opérationnelle. L'arrivée au pouvoir du général de Gaulle et la redéfinition de la politique militaire française frappe au premier plan la défense aérienne qui, désormais, prend part à la crédibilité de la force de dissuasion nationale. Dans le même temps, la défense aérienne se soumet à une vaste réorganisation de ses structures qui accompagne une revalorisation de ses moyens et de sa mission fondamentale. Au moment où la France retire ses forces de l'organisation militaire intégrée de l'OTAN la défense aérienne reste l'un des principaux enjeux de pression entre la France d'une part, l'OTAN et les États-Unis d'autre part.